Vous l’avez peut-être vu, Les Larmes du Lac est sorti récemment en portugais. Comment est-ce possible ? Je vous confirme, je ne parle pas un mot de cette belle langue !… Et bien tout simplement parce que je suis passée par Babelcube, un site mettant en relation auteurs et traducteurs.

Cela fait plusieurs années que faire traduire mon livre est un projet, ou plutôt un rêve inaccessible car après avoir fait faire plusieurs devis, il m’en aurait coûté dans les 3000 euros au minimum pour mes 300 pages.

J’avais déjà entendu parler de Babelcube, ce site qui permet gratuitement en relation auteurs et traducteurs, mais je n’avais jamais osé sauter le pas. L’été dernier, entre le confinement et autres, j’ai décidé de me lancer !

Pourquoi Babelcube ?

  • Déjà, pas de frais d’entrée, on se partage uniquement les royalties sur les ventes, c’est accessible à ma petite bourse : 30% des royalties pour l’auteur, 50% pour la traducteur et le reste pour le site (par contre, BabelCube détient le droit exclusif sur la traduction pendant 5 ans…)
  • Beaucoup de traducteurs présents et dans toutes les langues
  • Un site qui gère la relation auteurs – traducteurs avec un contrat préétabli, pas de gestion à faire de son côté

Comment ça marche ?

Tout d’abord bien sûr, il faut s’inscrire sur www.babelcube.com et créer sa fiche “BOOKS”, détaillant le roman que vous voulez faire traduire, avec un résumé, le genre, les mots clés, un court extrait de texte. C’est aussi à ce moment-là que vous insérez le fichier complet de votre texte à traduire, qui sera envoyé automatiquement au traducteur quand vous aurez accepté son offre (mais ça, c’est pour plus tard)

Trouver un traducteur

Il y a deux possibilités. La première, c’est de chercher vous-même des traducteurs et de les contacter directement en leur envoyant votre page livre. Il suffit de sélectionner une langue ou un mot clé, et une liste de résultats s’affiche. Attention, vous êtes limité à 1 contact par jour, pas question d’inonder les traducteurs, mais plutôt d’écrire au traducteur qui vus correspond le mieux.

Pour la traduction en anglais de mon roman, qui se déroule en Ecosse, j’avais choisi de contacter des traductrices écossaises spécifiquement. Lors de ma recherche, j’avais donc tapé le mot clé “scotland”; vous pouvez aussi écrire un mot clé correspondant au sujet de votre livre, par exemple, ou à son genre. Pour choisir, les notes, les avis sur les traductions, les biographies des traducteurs peuvent vous aider. Vous lui proposez votre livre et attendez qu’il réponde (vous retrouverez votre conversation dans l’onglet “messages”).

La seconde possibilité est d’attendre d’être contacté, ce qui arrive assez rapidement pour les nouveaux livres inscrits sur la plate-forme. Vous recevrez alors par mail ou via le site une proposition, ou “offer” à retrouver dans l’onglet “translations”.

Babelcube - proposition de traduction
Babelcube – proposition de traduction

Analyser les offres de traduction

Le traducteur joint un petit message à l’extrait qu’il a traduit pour vous. Vous cliquez sur “view offer“.

Vous décidez de continuer ou pas après ce premier extrait ; si vous le trouvez bien, vous pouvez “accepter” l’offre et attendre de recevoir les 10 premières pages traduites pour vous faire une meilleure idée. Rien ne vous engage encore, tant que vous n’avez pas signé de contrat.

C’est à vous qu’il revient d’analyser la qualité de la traduction. C’est donc mieux de s’y connaître un minimum dans cette langue… Parmi les offres que j’ai reçues en anglais, j’ai tout de suite trouvé de mauvaises traductions de mon extrait et la note du traducteur corrobore souvent cette impression.

Si vous ne le trouvez pas bien, vous “rejetez” l’offre de traduction en joignant un petit message. C’est aussi simple que cela.

extrait de texte traduit

Travailler avec le traducteur

Après avoir validé l’extrait, on reçoit 10 pages dans un délai assez court, sous 7 jours. On doit les relire et valider, et c’est là que l’on choisit de signer un contrat (agreement) pour obtenir la traduction totale de l’œuvre sous 2 mois environ.

On peut écrire au traducteur autant de fois que l’on veut pour discuter de passages, expliciter le texte ou autres besoins. Il est important de conserver des échanges réguliers, de s’informer de l’avancée du texte, de s’envoyer des messages de courtoisie pour garder une bonne relation avec le traducteur.

De mon côté, certains traducteurs ont plus écrit que d’autres. En général, ils travaillent à leur rythme sans nous demander quoi que ce soit.

Avec la validation finale, il est demandé d’évaluer le traducteur (note et commentaire).

Le contrat / agreement

“Babelcube Standard Agreement for Translation and Distribution”, tel est le nom du contrat que l’on signe avec le traducteur et babelcube. Il engage le traducteur à vous fournir une traduction correcte et vous à publier le livre.

Il fait 7 pages. Ce qu’il est important de noter, c’est que vous restez le “rights Holder” ou le bénéficiaire des droits d’auteur et le propriétaire de l’oeuvre (heureusement, hein ?).

Par contre, Babelcube s’attribue les droits de publication ou pas et l’autorisation exclusive d’utiliser, reproduire, afficher, vendre et distribuer votre livre dans tous les formats pendant 5 ans après signature dudit contrat. Après les 5 ans, il est possible de rompre ce contrat qui se fait sinon par tacite reconduction.

Ce qui veut dire que vous ne pouvez pas vendre via d’autres biais que ceux proposés par babelcube pendant 5 ans. En gros, c’est même pas vous qui vendez, c’est eux.

Voici une copie du contrat ici si cela vous intéresse (tout en anglais bien sûr…).

Le contrat spécifie également qu’en tant qu’auteur vous touchez 30% des ventes et le traducteur 50%.

Mise en page

Une fois réception de la traduction, c’est à vous de faire la mise en page en version numérique et papier pour la mise en ligne. Un assez long travail vous attend alors pour relire, corriger les italiques, entêtes de chapitres, notes de bas de page etc… Pensez à bien vérifier avec votre liseuse par exemple, que tout s’affiche comme vous le souhaitez.

Vous devez aussi préparer une couverture avec le titre traduit.

Mise en ligne du numérique

La mise en ligne passe par Babelcube.

Il faut mettre son document en format epub dans l’outil, Babelcube rajoute automatiquement 2 pages de titres avec le nom du traducteur et copyright, et une page de fin.

Une fois le document final uploadé, avec son résumé dans la langue, on attend le retour positif de Babelcube, par email.

Avant la diffusion, il se peut que le livre soit rejeté : ça a été mon cas deux fois. La première parce que les catégories choisies dans ma page “BOOK” mêlaient fiction et non fiction : on ne peut choisir que 2 catégories fiction ou 2 non-fiction. La deuxième parce que mes pages de fin contenaient des liens hypertexte faisant référence à Amazon. J’ai du les enlever pour pouvoir être diffusée.

Enfin, quand c’est OK, on reçoit un mail nous confirmant la bonne mise en ligne et il est possible aussi de voir ce statut par site dans la rubrique Translations / Finished Books / Publishing status .

Le livre numérique est publié sur Barnes & Noble, Apple, Kobo, Scribd, Tolino, Amazon, Google Play.

Il est possible de modifier son fichier une fois en ligne, en repassant les étapes de publication dans le bouton vert “republish book”.

On fixe le prix en dollars, ce qui n’est pas évident. A cela va s’ajouter la taxe amazon, donc par exemple après avoir mis mon livre à 2.99$ sur Babelcube, il s’affiche à 3.15€ sur Amazon et à 2.99€ sur Kobo…

Mise en ligne du papier

C’est possible aussi. Il faut préparer son pdf d’intérieur selon l’un des formats proposés par Amazon (liste ici) ainsi que sa couverture.

Attention, c’est moins simple qu’il n’y paraît…

C’est une tâche à laquelle je m’atèle en ce moment. J’ai reçu plusieurs messages de babelcube comme quoi mes fichiers étaient inadéquats : une transparence non aplatie sur mes pdf, le code BISAC de catégorie de livre non valide… Je suis encore en train d’essayer de le publier mais peut-être que je n’y parviendrai jamais ! ^^

Ventes

Il faut se rendre dans la rubrique Translations / Finished Books / Book Sales pour voir les ventes.

C’est là que le bât blesse… 0 ventes pour mon livre un mois après sa sortir. Pourtant, j’ai fait de la communication auprès de mes lecteurs, auprès de blogueurs portugais aussi, et ma traductrice également de son côté.

Et si on a des problèmes avec les traducteurs ?

J’ai rencontré des difficultés avec certains traducteurs.

Une traductrice ne répondant plus du tout au message, la date de fin étant passée. Je n’ai jamais reçu sa traduction, elle ne répondait à aucun de mes messages via la plateforme. J’ai écrit au support de Babelcube qui a finalement rompu le contrat entre nous deux, mais après plusieurs mois de relances. J’ai dû retrouver une autre traductrice pour cette langue.

Un autre traducteur a dépassé largement la date de rendu, mais il répond à mes messages et s’excuse avec le COVID qui a changé toutes ses disponibilités pour traduire le texte. Comme il me tient infirmé malgré tout de l’avancée (les 3/4 sont traduits), je ne contacte par le site et j’attends de voir. Mais les délais ne sont pas respectés.

Mon avis final ?

C’est une super opportunité.

Néanmoins, il faut vraiment s’investir dans la traduction, trouver un bon traducteur, faire beaucoup de promotion pour son texte, choisir des langues qui nous correspondent et avec lesquelles on se sent à l’aise.

Je connais beaucoup d’auteurs qui ont des mésaventures avec Babelcube et qui n’arrivent pas à publier leur roman papier par exemple, parce que leur nom d’auteur ne “passe” pas. C’est donc aussi une plateforme rigide qui ne nous permet pas de faire tout ce que l’on veut.